Et franchement, quelle bonne surprise! S'il a été vidé de ses meubles d'origine, le château a gardé une grande partie de la décoration réalisée après 1950 par Charles de Beistegui.
On retiendra notamment un escalier d'entrée prodigieux, une bibliothèque monumentale et magnifique, des couloirs d'angle harmonieusement décorés, des lustres fabuleux pratiquement dans chaque pièce, et pour finir le clou de la visite, le théâtre baroque, un bijou, en parfait état après la rénovation effectuée par l'association.
"Nous avons encore la tête dans les étoiles du château de Groussay !" me dit une amie dans un message, de retour chez elle après la visite. C'est dire!
A LA DECOUVERTE DU CHATEAU:
L'ensemble est classé monument historique depuis 1993.
Charme supplémentaire en automne, la beauté de cet arbre situé à gauche de l'édifice.
Les visiteurs sont accueillis par Gaël, de l'association "Patrimoine Aventure", une équipe de bénévoles qui restaurent et entretiennent le château en accord avec les nouveaux propriétaires, un société d'Ouzbékistan, et les Monuments historiques.
Le château après la mort de Beistegui survenue en 1970 a eu divers propriétaires. Parmi eux, signalons Jean-Louis Rémilleux, actuel réalisateur de l'émission Secrets d'Histoire, animée par Stéphane Bern, qui entreprit sa restauration après 2001, et ouvrit pour la première fois le parc du château à la visite .
Lorsqu'on entre, première surprise, avec ce prodigieux escalier créé par Charles de Beistegui, qui a complètement remanié l'entrée de la partie centrale du château , qui date elle du début du XIX e.
Les petits éléments décoratifs et l'essentiel de l'ameublement ne datent pas de l'époque de Beistegui, car après sa mort, tout le contenu a été plus ou moins rapidement vendu et dispersé. Seuls quelques éléments "classés" ont été maintenus sur place, nous en verrons quelques uns.
L'entrée est surmontée d'une ouverture circulaire qui donne sur l'étage supérieur.
Et l'on découvre aussi le premier des incroyables lustres, tous élégants et différents, qui ornent les pièces du château.
Beistegui, paraît-il, aimait à se poster au dessus de cette ouverture pour voir quels visiteurs arrivaient.
Au mur, une décoration animalière apportée par l'association.
LA VISITE SE POURSUIT ALORS DE PIECE EN PIECE :
Un salon d'abord - les meubles ici ne sont pas d'origine.
Encore un joli lustre...
Autre vue.
Au mur des photos de notre guide Gaël, photographe d'art.
Magnifique poêle aussi dans cette pièce. (Photo: Danielle PC).
Beistegui connaissait bien Venise, où il avait une demeure, le palais Labia.
Dans l'aile droite du château, un couloir incurvé a été magnifiquement décoré pour Charles de Beistegui.
Ici un superbe tableau représente un cheval et son cavalier sur la place Royale à Paris (actuelle place des Vosges).
Vue plus large.
La cheminée est tapissée de porcelaine de Delft, un procédé décoratif omniprésent au château.
Zoom sur le dessus de cheminée.
On voit à nouveau dans la décoration tout le goût de Bestegui.
Le tableau en haut et à droite vient du Louvre.
Fabuleux, le lustre!
Et le carrelage en harmonie !
Les portes sont inspirées de celles des appartements du pape au Vatican.
Porte d'angle. On remarque l'utilisation à nouveau des carreaux de Delft à la base des murs.
Détail décoratif.
Très belle tapisserie de style médiéval sur un mur.
NOUS QUITTONS L'AILE DROITE DU CHATEAU POUR REVENIR VERS LE PAVILLON CENTRAL .
Avec encore un beau lustre classique.
Cheminée et décoration.
Détail du papier peint.
Les poufs seraient d'origine.
Là c'est le plafond qui est remarquable, et bien sûr le lustre assorti!
Et l'on parvient à l'époustouflante bibliothèque de Beistegui:
Elle est monumentale et absolument splendide...
Le lustre et un aperçu des rayonnages.
LE SALON GOYA:
On passe ensuite dans l'aile gauche dans un second couloir incurvé, qui fait pendant à celui de l'aile droite. C'est le salon Goya. Il est merveilleusement décoré de tapisseries des Gobelins inspirés d'œuvres de Goya, apportées là par Bestegui. Et des lustres, toujours des lustres...
Les banquettes datent également de l'époque de Beistegui.
Voici les principales scènes figurant sur la première tapisserie.
Les visiteurs sont époustouflés par une telle beauté...
Voici les trois gracieuses scènes qui ornent la 2e tapisserie .
Le clou de la visite: le THEATRE BAROQUE.
C'est Charles de Beistegui toujours qui l'a fait installer. Il s'inspire de celui de Bayreuth. Il possède 25O places, et une acoustique parfaite. Il a été inauguré dans les années 60 par des acteurs de la Comédie française. Jean-Claude Brialy et Annie Girardot par exemple y ont fait leurs premiers pas d'acteurs. Un mois de travail des bénévoles de l'association en avril 2015 lui a redonné tout son éclat.
Un programme de représentations théâtrales vient d'être mis sur pied: le théâtre revit!
Les visiteurs éberlués découvrent le superbe théâtre. Photo: Danielle PC.
Autre vue.
La salle et la scène - vue latérale.
Là encore, un immense et magnifique lustre décore le lieu.
Sur scène ce jour-là, une visiteuse essaie l'acoustique du théâtre en lisant un poème .
DANS LE PARC, A LA DECOUVERTE DES "FOLIES" de Charles de BESTEGUI:
Comme la transformation du château, la création des fabriques décoratives (ou "folies") du vaste parc se sont étalées entre 1950 et 1970 , date de la mort de Charles de Bestegui.Il reprenait ainsi un siècle plus tard la tradition des parcs à l'anglaise de la fin du XVIII e et du début du XIXe siècles.
Les fabriques sont disposées d'une manière très étudiée pour créer sans cesse une nouvelle surprise au fil de la promenade. Des jeux de perspective ravissent l'œil, d'une fabrique on doit pouvoir en apercevoir une autre etc...
C'est avec la complicité des artistes Emilio Terry et Alexandre Serebriakoff et des architectes Desbrosses et Costi que notre esthète a pu réaliser cet ensemble.
Ajoutons que la balade dans le parc par une belle journée d'automne commençant ajoutait un charme supplémentaire.
Le parcours à travers le parc suit la promenade habituelle de Beistegui, qui aimait faire en calèche le tour de ses fabriques avant le déjeuner.
On passe d'abord devant l'orangerie.
Sur sa façade un bas relief évoquant les travaux agricoles.
Pour accéder au parcours de découverte concocté par le maître des lieux, il faut d'abord passer par cette porte monumentale qui donne accès à un jardin d'agrément. (Photo d'avril 2013).
On découvre alors la perspective créée par les alignements végétaux du jardin d'agrément , soigneusement entretenu.
Première agréable surprise, dans un encadrement de feuillage, une jolie cage à oiseaux se profile. Autrefois elle était vide, aujourd'hui de ravissants oiseaux l'occupent.
Nouvelle surprise plus loin: la tente tartare (ou turque) en tôle peinte de 1960, précédée d'un obélisque. Elle s'inspire de celle de Gustave III de Suède élevée en 1781.
L'intérieur est tapissé de 10 000 carreaux de Delft.
La surprise suivante est le "temple du labyrinthe", car autrefois situé dans un labyrinthe de verdure.
Le temple du labyrinthe, face arrière.
C'est lequel celui-là? J'attends la réponse.
Le pont palladien d'Emilio Terry rappelle le pont Guglie à Venise, non loin duquel se trouvait le palais Labia, propriété de Bestegui, où fut organisé le "bal du siècle" resté dans les mémoires du gotha. Il enjambe un bras de l'étang. Il est vu ici depuis une autre fabrique, la pyramide.
Et voici, vue du pont palladien , la pyramide, qui nous emmène en Egypte
Dans la lumière de septembre.
Bientôt on a en vue le temple d'Amour, inspiré de celui du Trianon. C'est la plus ancienne fabrique du parc.
Sur une butte lui répond une autre construction, le temple d'Adam.
On se dirige ensuite en direction de l'étang.
Une autre nouveauté dans le parc: des animaux y vivent dans des enclos, comme cette petite chèvre.
Tout le charme des grands parcs d'Ile de France...
Plus près.
Autre vue.
Dans l'or de l'automne.
Autre vue (photo :Danielle PC).
Nouvelle "folie": la pagode d'Emilio Terry (1963). De lourds aménagements ont été nécessaires pour l'installer et l'entourer d'un étang.
Les néophytes manquent souvent la colonne observatoire (1962) , enfouie au milieu des arbres.
Elle s'inspire de la colonne Vendôme à Paris. Du sommet on doit avoir une belle vue sur la campagne. Mais on n'y monte pas...
Un peu plus loin, on passe devant de belles écuries du XIXe s, rénovées en 2008.
Le visiteur en cette saison peut remarquer dans le parc de superbes champignons, comestibles en plus me dit-on. Pour ma part, je préfère les manger du regard!
FIN.
Charles de Beistegui (1895 - 1970) avec la duchesse de Windsor (à gauche)
Il tenait semble-t-il sa fortune de ses grands parents, enrichis par des mines d'argent mexicaines.Il était ami notamment avec Jacques de Lacretelle, Salvador Dali, Charles et Marie-Laure de Noailles.
Le palais Labia à Venise, où il organisa le "bal du siècle". Il possédait aussi un hôtel particulier à Paris.
Tout savoir sur Beistegui:
Voici le lien pour voir le Bal du comte d'Orgel, tourné au château, du temps de Beistegui.
POUR VISITER LE CHATEAU DE GROUSSAY:
Il se visite le week-end. Cependant le domaine est parfois privatisé pour des événements: ainsi des tournages de films y ont lieu souvent.
Pour savoir s'il est ouvert à la visite, reportez-vous à son site:
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