A LA DECOUVERTE DU DOMAINE:
Après bien des années, nous sommes revenus voir ce qu'est devenu ce domaine, qui a appartenu aux ducs de Luyne (et de Chevreuse) de 1663 à 2018, date à laquelle il a été acquis par Franck Mulliez, pdg de Kiloutou, en vue de restauration. Et notamment le château, profondément remanié de 1675 à 1683 par Jules Hardouin-Mansart, dont la conception lui valut de devenir le 1er architecte du roi, et où Louis XIV et Louis XV notamment séjournèrent pour des parties de chasse ? Immense domaine, de 400 hectares, son mur d'enceinte fait 14 km de long ! Les jardins, à l'arrière du château, furent conçus par Le Nôtre.
Premières découvertes:
1e constatation : la belle grille d'honneur ( elle date du XVIIIe) est flambant neuve!
Le domaine, qui comportait un château antérieur, appartint à la famille de Luynes à partir de 1663, quand Charles Honoré d'Albert, 2e duc de Luynes,et duc de Chevreuse, fils de Charles d'Albert, 1er duc de Luynes et favori de Louis XIII, et de Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, en devint propriétaire.
Le château fut reconstruit par Hardouin Mansart à partir de 1675, pour Charles Honoré d'Albert, 3e duc de Luynes, et gendre de Colbert. Il est en grès et briques.
Suite à son acquisition en 2018 par Franck Mulliez, il a été restauré extérieurement. Les deux longs bâtiments qui encadrent la cour d'honneur, construits par Hardouin- Mansart, et les dépendances ne le sont pas encore.
Le directeur général du domaine est l'ancien directeur du domaine de Chambord, Pascal Thévard.
Les pavillons d'entrée sont aussi flambant neufs.
LA VISITE GUIDEE DU CHATEAU:
La visite guidée commence devant le château...
Surprise : nous apprenons que si la conception d'ensemble du bâtiment est bien d' Hardouin Mansart (les toits mansardés abritaient 150 domestiques), la décoration de la partie centrale de la façade date du XIXe siècle... Et est le fruit d'une rénovation effectuée par l'architecte Félix Duban à la demande du 8e duc de Luynes , Honoré d' Albert de Luynes (1802-1867), en raison de dégats causés par l'humidité. Les deux statues porte lanternes de l'avant cour datent de la même époque.
(photo: Claude Poirson)
Archéologue et collectionneur, épris d'antiquité, Honoré d'Albert va concevoir la partie centrale de la façade selon son goût: d'où les colonnes et le fronton à l'antique notamment.
Honoré d' Albert de Luynes a de plus signé cette partie de la façade de son monogramme ducal entouré de 2 lions.
( photo : Jacqueline Mazeau).
Les hirondelles se sont permis d'orner la façade de quelques petits ajouts (nids) !
ENTRONS DANS LE CHATEAU...
La guide nous apprend de plus que toute la décoration intérieure du château a été refaite par Honoré d'Albert de Luynes et date donc du XIXe siècle.
Nous nous apercevons bien vite que l'intérieur du château , lui, n'est pas encore restauré. De plus l'emplacement vide de tableaux enlevés donne une impression d'abandon.
LA SALLE A MANGER:
( photo: Claude Poirson)
Les murs sont couverts de lambris de noyer datant du XVII et restaurés au XIXe par Honoré d'Albert qui appréciait ce type de décor.
Des tableaux représentant des membres de la famille de Louis XIII, comme son frère Gaston d'Orléans ornent les murs, en hommage au roi, bienfaiteur de la famille de Luynes. On sait que le 1er duc de Luynes était le favori de Louis XIII - c'est ce roi qui attribua le titre de duc de Luynes à son favori.
( photo : Jacqueline Mazeau).
Beaucoup de portes et de fenêtres sont autant de miroirs dans cette pièce.
LA SALLE LOUIS XIII :
(photo: Jacques Michel)
Quelle merveille regardent-ils ainsi?
( photo : Jacqueline Mazeau).
Eh oui, magnifique cette statue de Louis XIII, nouvellement restinstallée in situ, et précieuse ! L'originale avait été réalisée en argent massif par le sculpteur RUDE en 1842 ! Elle a disparu dans les années 80, et vient d'être refaite, cette fois en plâtre recouvert d'or blanc...
Un autre hommage au bienfaiteur de la famille de Luynes.
C'est donc un des clous de la visite , et on l'a examinée vraiment sous toutes les coutures :
( photo: Claude Poirson)
Le plafond et son pourtour sont ornés des armes de Louis XIII et d'Henri IV.
Autre particulariyé : volets et portes de cette pièce sont en métal.
Suite de la visite:
( photo : Jacqueline Mazeau).
Dans un corridor, une jolie porte...
(photo: Jacques Michel)
... qui cache un mystérieux décor de théâtre récemment créé.
APPARTEMENTS DE LA REINE:
Une fois franchie une antichambre, on parvient à la SALLE DE LA REINE...
Elle est ornée des portraits de plusieurs duchesses de Chevreuse
... ainsi que de jolis médaillons sur le thème de la chasse.
Louis XIV, Philippe d'Orléans, Louis XV vinrent à Dampierre pour chasser.
Des scènes portuaires de Joseph Vernet complètent la décoration.
On passe ensuite par la chambre de Marie Leszczynska, qui ouvre sur le perron d'Hardouin Mansart donnant sur les jardins et le parc, ce qu'appréciait beaucoup la Reine, avant d'aboutir au Grand Salon...
LE GRAND SALON:
Il est situé dans l'axe d'une perspective de 7 km qui part du "vertugado", colline artificielle en forme d'amphithéâtre et se prolonge du côté des jardins et du parc.
Le vestibule d'honneur, du côté de l'entrée du château. On aperçoit au fond le "vertugado".
Le grand salon, côté jardins.
Le jardin, à l'arrière du château, tel que Le Nôtre l'avait conçu (document). Le propriétaire actuel a entrepris de le reconstituer, cette partie est donc actuellement en travaux.
Nous passons ensuite à l'étage en empruntant ...
...le spectaculaire ESCALIER D' HONNEUR :
Son décor du XIXe siècle "à l'antique"porte bien la marque d'Honoré d'Albert de Luynes.
Pilastres à l'antique,vases en trompe l'oeil (oeuvres de F.E. Picot) , têtes de philosophes grecs, sculptures diverses- autant de références à la période chérie par l'archéologue Honoré d'Albert de Luynes.
Au plafond une peinture symbolisant l'Abondance.
A l'étage, on découvre d'abord la chapelle, du XVIIe à l'origine, aujourd'hui sombre et abandonnée...
Un lumière irréelle, via les vitraux, y pénètre et sculpte les visages.
Puis on longe une série de chambres, étonnamment neuves. Les cabinets de toilette sont soigneusement cachés. Elles reçurent des invités d'honneur, comme les présidentsValery Giscard d'Estaing et François Mitterrand. Puis on parvient à une antichambre ornée d'une belle cheminée (rénovée apparemment).
Cette chemineé célèbre la victoire de Louis XIII contre les Habsbourg , le roi et Richelieu craignant la reconstitution de l'Empire de Charles Quint. Cette cheminée, réalisée en 1688 par David Bertrand dans le style de la Renaissance italienne était à l'origine dans un pavillon du parc.
A gauche, la France terrassant les Habsbourg (représentés par un lion soumis), à droite la Renommée.
Et l'on arrive au clou de la visite...
LA SALLE DE LA MINERVE:
Les murs sont décorés d'immenses fresques inachevées commencées en 1839 par Ingres aidé de 3 de ses élèves dont Hippolyte Flandrin qui a peint notamemnt les nus. L'une des fresques devait représenter L'âge d'or, l'autre l'âge de fer.
Cette salle était destinée à abriter les nombreuses collections de notre duc archéologue.
La fresque de l'âge d'or.
Au bout de 5 ans, le travail n'était toujours pas terminé, le duc , passant outre les consignes d'Ingres qui ne voulait pas qu'on voie son oeuvre avant qu'elle soit terminée, vint voir où en était la réalisation du travail demandé et se montra très mécontent. De plus, l'abondance des nus lui déplut, il ne lui sembla pas pouvoir montrer décemment cette fresque à ses invités. Il fit transporter le matériel du peintre dans la cour et mit fin à son intervention dans le château.
Honoré d'Albert de Luynes fit recouvrir les fresques d' Ingres d'un rideau rouge et décida de faire reproduire au 1/4 la statue chryséléphantine d'Athéna Parthénos de Phidias pour orner sa salle. Elle est en bronze peint .
La partie gauche de L'AGE D'OR.
La partie droite.
Le socle de la Minerve est en marbre de Carrare et représente la naissance de Pandore, thème antique donc.
En face de l'Age d'or, la fresque de l'âge de fer inachevée.
Au fond de la salle, des cariatides soutiennent une tribune. Elles copient celles de la villa d'Hérode Atticus à Rome.
FIN DE LA VISITE.
Encore quelques coups d'oeil sur les beautés du château avant de gagner le parc...
( photo : Jacqueline Mazeau).
Belle vue sur les douves du château !
LA PROMENADE DANS LE PARC.
La promenade dans le parc a été d'abord assez décevante, car l'eau ayant monté, le joli jardin anglais traversé par le ru des Vaux de Cernay était impraticable, et les nombreux oiseaux habituellement rencontrés aux abords du petit pavillon (en réfection) avaient disparu - à l'exception d'une grande aigrette et de quelques foulques macroules.
macroules.
Mais le tour de l'étang, où se reflétaient le château et les teintes de l'automne, a été absolument magique !
UN PETIT TOUR DE LA PIECE D'EAU : MAGIQUE !
APRES LA PROMENADE...
Il ne fallait pas manquer l'impressionnant APATOSAURE d'époque jurassique exposé dans l'orangerie du XVIIIe s...
... Thésée et le Minotaure sont toujours là dans l'avant cour - groupe réalisé au XIXe siècle pour le château. Une jolie fontaine en revanche a disparu (vendue en 2014 par la famille de Luynes).
QUELQUES NOUVEAUTES DU DOMAINE ...
On peut maintenant se réchauffer d'une boisson chaude accompagnée de petites douceurs au café en plein air du château.
En repartant, on a remarqué les faux moutons (photo Claude Poirson).
On peut faire un tour à la petite ferme , où notamment deux beaux faisans dorés mâles nous attendent ( photo : Jacqueline Mazeau).
Surprise que cette sympathique fresque animalière, et aussi un peu mythologique ...
... une autre nouveauté du parc !
FIN.
Reportage : JM Sattonnay.
Photographies : JM Sattonnay, Jacqueline Mazeau, Claude Poirson, Jacques Michel.
Reportage réalisé dans le cadre des sorties du Hurepoix's band.
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