jeudi 12 décembre 2019

A VOIR: LE MUSEE DE LA TOILE DE JOUY AU CHATEAU DE L'EGLANTINE A JOUY EN JOSAS.

Un musée de la toile de Jouy est installé depuis 1991 au château de l'Eglantine, sis au n°54 de la rue Charles de Gaulle à Jouy en Josas. Créé en 1972, ce musée se trouvait auparavant au rez de chaussée du château de Montebello, aux Metz, un quartier de la commune.
Ce musée municipal veut entretenir le souvenir de l'épopée industrielle de  Christophe-Philippe Oberkampf qui en 1760 créa à Jouy une importante manufacture de toiles imprimées.

                                    LE CHATEAU DE L'EGLANTINE:



Il date de 1891-1892, date à laquelle il remplaça un édifice antérieur. François Certain de Canrobert, maréchal d'Empire, avait auparavant habité ce lieu. Il se compose d'un corps central à un étage, flanqué de deux pavillons au toit d'ardoise dissymétriques. L'un est arrondi , "à l'impériale", l'autre est rectiligne. Le musée de la toile de Jouy s'y installé en 1991. Une extension en verre et métal (non visible ci- dessus) y est alors ajoutée. Ce château n'a pas de rapport avec la manufacture d'Oberkampf dont les bâtiments ont aujourd'hui disparu pour la plupart.

Devant le château, un parterre de fleurs en bandes verticales évoque les toiles mises à blanchir dans les prés avoisinant les bâtiments de la manufacture créée à Jouy par Oberkampf en 1760.

Dans le château, on peut admirer un joli plafond circulaire en verre qui donne une idée de la qualité de sa décoration intérieure.

LE MUSEE:
Il permet de découvrir l'histoire de la manufacture d'Oberkampf et de la toile de Jouy, les étapes de la fabrication d'une toile, les différents procédés d'impression, la variété des motifs imprimés, les différentes utilisations de la toile de Jouy (décoration, ameublement, vêtements…). Il permet de mesurer le goût persistant, à travers le temps, pour la toile de Jouy.
Au départ existait un petit fonds conservé à la mairie, qui s'est enrichi grâce aux dons des descendants d'Oberkampf, puis par des achats. Aujourd'hui le musée possède 7000 pièces différentes présentées par roulement. A la collection permanente s'ajoutent régulièrement des expositions temporaires sur des thèmes divers.

La manufacture.

                                                          La manufacture d'Oberkampf.
   Ce tableau immortalise la visite de Napoléon 1er à la manufacture le 20 juin 1806, au cours de laquelle celui-ci remit la légion d'honneur à l'entrepreneur.

 Créée en 1760, la manufacture fut d'abord installée par Oberkampf dans un bâtiment appelé la "maison du pont de pierre". Peu à peu, elle comporta de nombreux bâtiments construits sur un terrain de 14 hectares comportant des prés où l'on faisait blanchir les toiles (comme on le voit sur l'image). Le site avait été choisi en raison de la proximité de la Bièvre, connue alors pour la pureté de son eau, nécessaire aux lavages successifs. De plus, sa situation à mi chemin de Versailles et Paris  assurait à l'entrepreneur une clientèle importante. Selon les époques de 800 à 1600 ouvriers y travaillèrent. Jusqu'à 30 000 pièces par an y furent confectionnées. A son apogée, la manufacture fit partie des 3 plus grandes entreprises françaises. En 1783, elle avait été érigée au rang de manufacture royale.

                                                                   Oberkampf.

Portrait de Christophe Philippe Oberkampf.

Né dans le Wurtemberg (Allemagne), Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815) appartenait à une famille de teinturiers protestants. Il apprend dès 12 ans le métier d'"Indienneur" (impression de motifs sur toile de coton). A 20 ans , il travaille à Paris comme simple ouvrier , et c'est à 22 ans qu'il installe un premier atelier d'impression sur toile de coton à Jouy en Josas;

.Les cotonnades indiennes avec impression de motifs colorés de fleurs ou d'animaux avaient été découvertes en France dès la fin du XVIIe siècle grâce aux Grandes Compagnies qui les importèrent. Importation et vente furent bientôt interdites par Louis XIV à la demande notamment des soyeux lyonnais car elles leur faisaient concurrence. En 1759, l'interdiction fut levée, ce qui permit à Oberkampf de se lancer dans la fabrication de toiles imprimées inspirées de ces indiennes. Ces toiles imprimées eurent un grand succès , car les couleurs résistaient au lavage.

Oberkampf se fit naturaliser français. Il fut aussi après la Révolution le 1er maire de Jouy de 1790 à 1793. Vers 1815 s'amorce un déclin dû à la baisse de la demande liée à la concurrence. Après sa mort, ses héritiers (son neveu Samuel, puis son fils Emile) n'arriveront pas à enrayer ce déclin et la manufacture ferme en 1843. Les bâtiments furent peu à peu détruits. Il ne reste plus que la "maison du pont de pierre", devenue le conservatoire de musique, et une partie d'une autre bâtisse. Oberkampf est enterré dans le parc de sa propriété, le domaine de Montcel, la tombe située dans le jardin de la maison de pierre n'étant qu'un cénotaphe, selon ses descendants.

Découvertes.

Découverte des étapes de la confection d'une toile de Jouy dans l'extension moderne du musée.

La confection d'une toile de Jouy est un processus complexe qui comprend pas moins d'un dizaine d'étapes, détaillées sur une paroi du musée. Préparation de la toile, impression, blanchissage sur prairie, s'accompagnent de nombreuses autres opérations. On découvre aussi les 3 procédés utilisés pour l'impression: sur plaque de bois ( procédé le plus ancien) , sur plaque de cuivre, ou au  rouleau: cette dernière invention permit une production plus abondante et moins chère, et donc permit de démocratiser la toile de Jouy. Plusieurs procédés pouvaient être combinés.

 On apprend aussi que les colorants utilisés étaient d'origine naturelle. A l'origine , l'association entre le bleu indigo (venu d'Afrique ou d'Inde) et le rouge (produit par la garance) dominaient, puis les couleurs se diversifièrent. Plus tard, le neveu d'Oberkampf, Samuel, inventera un premier procédé chimique qui sera introduit dans la fabrication.

Des colorants naturels.


Tenture utilisant le bleu indigo et le rouge (garance).

Au fil de la visite on découvre aussi toute la variété des motifs imprimés, et leurs différentes applications , que ce soit à la décoration, à l'ameublement, ou à la mode. 30 000 motifs furent créés au fil des 83 ans d'activité de la manufacture. Les plus réputés sont les scènes pastorales ou de menus plaisirs , pour lesquelles Oberkampf fit appel notamment à Jean Christophe Huet, peintre de la Cour. Les motifs floraux, inspirés des Indiennes, étaient aussi très prisés. Avec l'emploi des rouleaux, les motifs géométriques furent davantage utilisés. D'autres motifs apparurent en fonction des modes du moment , telles que les chinoiseries , le goût de l'antique, ou encore les thèmes provençaux...

Toile historiée : ici elle évoque un fait divers. Des paysans sont en train de crever un ballon tombé dans un champ, qu'ils prennent pour une invention du diable.

Thème de la chasse.

Louis XVI découvrant la mer...

Motifs chinois.

Goût de l'antique.

Robes aux motifs floraux.

Une visite guidée a lieu au musée chaque deuxième dimanche du mois. Sinon des visites pour les groupes peuvent être organisées. Se reporter au site du musée.

DOCUMENTS ANNEXES :

La maison du pont de pierre, où le jeune Oberkampf, âgé de 22 ans, installa son premier atelier, existe toujours au 1 rue Montcel. La Bièvre passe aux pieds de la demeure. Il l'habitera un an.

On aperçoit dans le jardin de cette maison la stèle de l'entrepreneur, accompagnée d'autres stèles de membres de la famille. Mais d'après ses descendants, il n'aurait pas été enterré ici - ce ne serait qu'un cénotaphe - mais dans le parc de sa propriété, le domaine du Montcel, situé juste en face.

Une vue de la propriété d'Oberkampf. Il acquiert en 1795 ce domaine de 14 hectares qui était autrefois un fief appartenant, jusqu'au XVIe siècle, à l'abbaye de Saint Germain des Prés. Il abritera au XXe siècle une école privée, puis la fondation Cartier. Il vient d'être acquis par une société qui veut y accueillir séminaires et événements.

Vue du château du Montcel, actuellement en travaux (15/12/19) ; sa façade s'allonge parallèlement à la Bièvre.




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