mercredi 24 septembre 2014

Le château et le parc de JEURRE à MORIGNY-CHAMPIGNY (Essonne).


Le château et le parc.

Le château de Jeurre se situe sur la commune de Morigny-Champigny , dans l'Essonne. Il est longé  d'un côté par la nationale 20 , où se trouve l'entrée principale , à l'accès d'ailleurs un peu acrobatique ; et de l'autre par la Juine,  jolie rivière locale qui alimente son canal.

Visiter JEURRE , c'est découvrir d'abord un de ces nombreux châteaux de l'Essonne qui enchantent les amateurs  ; à l'origine existait depuis le XVe siècle une "tour de Jeurre", encore appelée "château de Barre"; le château actuel aurait été construit à la fin du XVII s par la famille Regnault de Barre ; le domaine est acquis en 1792 par Louis-César Dufresne de Saint-Léon , directeur général de la liquidation de la dette publique (déjà!); il fera don du château à sa filleule Adèle Dutilleul , épouse du comte Mollien , ministre du trésor de Napoléon ; le comte Mollien , au début du XIXe s , fait agrandir le château et  créé plusieurs aménagements ; par la suite , Alexandre Henry



                                                 Une vue du château côté pièce d'eau.

de Saint-Léon rachète le château qui avait appartenu à son oncle ; son fils Arthur hérite du château en 1903 ; Jeurre a appartenu ensuite à son petit-fils Louis (décédé en février 2015) qui a restauré le domaine ravagé par la guerre de 39-45.Celui-ci était aussi éleveur, et il fut un temps, à partir de 1987, où l'on pouvait voir des bœufs et des buffles dans la ferme et les prairies du domaine! Il a planté de plus de nombreuses essences rares dans le parc.
 La façade principale  du château comporte une avancée surmontée d'un toit bombé dont il n'y a pas d'autre exemple à notre connaissance dans la région. Il est accompagné  d'une ferme qui, comme la maison du portier,  imiterait le style des villas agricoles du nord de l'Italie  ; ces bâtiments ont é té construits de 1806 à 1813 ; la ferme est flanquée  d'un joli colombier de style néo-médiéval (1813). A l'arrière du château , s'allonge une  pièce d'eau où se mire la façade. Venir à Jeurre , c'est aussi s'offrir le plaisir d'une agréable promenade dans un très beau parc ; signalons notamment une magnifique allée bordée de cyprès chauves et de hêtres pourpres au bord du canal.

JEURRE et les fabriques de MEREVILLE.

Alexandre Henry de Saint Léon (prix de Rome de sculpture -certaines de ses œuvres sont au musée d'Orsay)  avait  acquis , fait démonter et remonter pièce par pièce à Jeurre, en 1896,  quatre des fabriques qui ornaient le parc du château de  Méréville, les sauvant ainsi de la destruction. 
Le marquis de Laborde , banquier du roi , et  propriétaire de Méréville , pour faire plaisir à sa fille Natalie en grande partie (elle deviendra duchesse de Noailles et l'égérie un temps de Chateaubriand), s'était mis en tête de créer le plus beau parc à l'anglaise du pays ; il l'avait parsemé en particulier de nombreuses fabriques décoratives avec le concours d'Hubert Robert . Le marquis , soupçonné de connivence avec les émigrés, fut guillotiné à la Révolution. Par la suite sa famille réussit à récupérer le domaine. Mais à la suite d'ennuis financiers, elle dut à terme  s'en séparer; après quoi il avait sombré peu à peu dans l'abandon et les dégradations.

Le temple de la piété filiale vient de Méréville.

 Repris en mains de nos jours par le Conseil général de l'Essonne , qui a entrepris sa restauration , il  n'est pas ouvert actuellement au public.

Jeurre est donc le seul endroit pour l'instant  où l'on peut admirer des fabriques  du parc de Méréville conçues par Hubert Robert.
Elles ont été placées aux quatre points cardinaux du parc , et  le paysagiste Achille Duchêne ,chargé d'organiser le parc  par Arthur de Saint-Léon, a eu l'idée de les relier par des allées de buis. D'autres éléments du domaine ont été récupérés ailleurs, comme  l'avant corps ajouté en 1900 à  la façade arrière  et qui provient d'un hôtel particulier parisien , l'hôtel d'Anglade ; elle est ciselée par le célèbre sculpteur du XVIIe Coysevox ; la "porte Saint-Denis" , installée dans le parc , serait une porte monumentale du château de Saint-Cloud détruit lors de la Commune de Paris ; au fond du parc s'élève l'ancienne porte de l'hôtel parisien de la comtesse de la Verrue détuit en 1907; enfin une sphère armillaire du XVIIe, représentant le mouvement des astres, est visible à droite du château.

                                                  TOUTES LES IMAGES :   
Cliquer sur les images pour les agrandir.


Le corps principal du château (fin XVIIIe) est flanqué de deux ailes rajoutées au début du XIXe par la filleule du comte de Saint-Léon , épouse du comte Mollien , ministre du Trésor de Napoléon.



Le château de Jeurre  : façade principale.
L'avant corps à toit bombé est original...


Le château : façade arrière se mirant dans le plan d'eau.
A droite on aperçoit les bâtiments de la ferme.



De sympathiques oies ont bien voulu poser en premier plan...


Au centre de la façade , un avant-corps ajouté en 1907 provient d'un hôtel particulier parisien détruit , l'hôtel de Langlade.


Un aperçu  de la ferme et du colombier (1806 -1813).


Un style neo-médiéval inhabituel dans la région.

LES FABRIQUES DE MEREVILLE:

elles sont disposées aux quatre points cardinaux du parc...


          Le temple de la Piété filiale a été inspiré à Hubert Robert par le temple de la Sybille à Rome .


Détails.


                                                      L'intérieur du dôme et son oculus.


Dans le temple : une belle Vénus sortant du bain. A l'origine , le temple contenait un buste de Natalie de Laborde par Pajou .


Vue rapprochée.


Ce temple était dédié à Natalie , la fille du marquis de Laborde. Il vient d'être rénové.


Sphinge et perspective de la pièce d'eau : au fond , la laiterie de Méréville.
  

La "laiterie"  , au bout de la perspective de la pièce d'eau...


Simple élément décoratif en trompe l'oeil  ici , car ... il n'y a rien derrière!
A Méréville , une grotte constituait le fond...


Au dos de la façade de la laiterie , des reliefs évoquant les travaux des champs ...
Présence inattendue d'un crabe dans le champ de blé.


  

La colonne rostrale dédiée à La Pérouse...
Il marque la passion du marquis de Laborde pour la marine.
(Deux de ses fils périront lors d'une expédition fatale du navigateur en 1788).



Le cénotaphe de COOK , le découvreur des îles Sandwiches; il fut tué par les indigènes.



Le buste sculpté est de Pajou.


Alentours d'une petite fontaine ornée d'une tête de lion.


Dans une des allées de buis conçues par Achille Duchêne.
  
Autres curiosités :


La porte Saint-Denis, porte monumentale du château de Saint-Cloud incendié lors de la Commune.


Blason de la famille d'Orléans , propriétaire de Saint - Cloud sous Louis XIV.



Ancienne porte de l'hôtel de la comtesse de Verrue à Paris , démoli en 1907.(1)


Détails du fronton.(1)


 La sphère armillaire (XVIIe s).

DANS LE PARC ... 


Une magnifique allée de hêtres et de sapins...


Dames cheminant dans l'allée le long du canal...


Une vue du canal alimenté par la Juine. 

Derniers regards sur le temple de la Piété filiale :





Voir aussi notre article "Une découverte pleine d'imprévus" sur:


et

Découverte du parc et du château de Jeurre en images 27/9/14

 Sur Natalie de Noailles , fille du marquis de Laborde ,voir notre article: http://jmsattoblogazettedesulis.blogspot.com/2013/05/les-conferences-du-marais-les-destins.html

(1) Selon Jacky Tronel,  blogueur et historien, il s'agit là plutôt du porche de l'Hôtel des Conseils de Guerre, sis au 37 de la rue du Cherche-Midi, Paris 6e. Sa démolition a eu lieu en 1907, suite au percement du boulevard Rapsail.
Voir son blog : http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire