dimanche 24 avril 2016

Découverte de l'église Saint-Ferreol à Saint-Forget et de ses fresques Renaissance.

Michel Charon , de l'association MEMOIRE DE CHEVREUSE, guide régulièrement des visites de l'église Saint-Ferréol de Saint-Forget, et notamment des fresques de la Renaissance qui y ont été découvertes récemment sous le revêtement qui les dissimulaient.

L'église Saint-Ferréol (devenue chapelle Saint-Gilles à partir du XIXe siècle) date du XVIe siècle. Elle est donc vouée à ces deux saints. Au XIIe existait un sanctuaire dédié à Saint-Ferréol (qui correspond à l'actuel chœur), édifié près d'une source censée guérir les fièvres.. Il avait été agrandi au XIIIe . Le porche (à droite) est du XVIIIe. L'église est flanquée d'un cimetière. On aperçoit aussi un calvaire du XVe siècle, qui a la particularité d'être sculpté sur  ses quatre faces.


Devant le porche en plein cintre de l'église, Michel Charon accueille les visiteurs..


L'église , dont le plan est en croix latine , comporte une seule nef , flanquée de deux chapelles. Le chœur est doté d'une abside semi circulaire.


C'est dans la chapelle sud  qu'en 2003, à l'occasion de travaux de consolidation de l'église, des fresques ont été découvertes sous le revêtement apposé en 1875.Une restauration a été effectuée en 2011.

                                             photo : Claude.
                  Sont figurés sur le mur de gauche trois  saints : Saint François de Paule, Saint Blaise et Saint Sébastien.

                                                         photo : Claude.
A gauche de la fenêtre, on a une figuration de Saint Roch, l'ange et son chien, puis de Sainte Marguerite d'Antioche sortant du corps du dragon qui l'avait avalé.


                                             photo : Claude.
  A droite de la fenêtre, on distingue une crucifixion, flanquée de quatre "vignettes" représentant la descente de croix, une pieta, la mise au tombeau, et sans doute la Résurrection. S' y ajoute une représentation de Saint-Gilles, un des patrons de l'église.


C'est sur le mur de droite qu'est présente la fresque principale, consacrée à un Jugement dernier.

                                                                                                     photo : Claude.
La fresque du jugement dernier:
Au sommet, dans une mandorle, figure le Christ; à sa droite la vierge Marie, à sa gauche Saint-Jean Baptiste.
Plus loin à droite du Christ ,ce sont des personnages de l'Evangile et des contemporains; à sa gauche, sont représentés des personnages de l'Ancien Testament, notamment les chefs des tribus d'Israël. En bas de la fresque est figurée la résurrection des morts, dont un  archange (ailles bleues)  recolle les os. A droite, les damnés se pétrifient et deviennent une énorme montagne. On distingue aussi des têtes d'animaux (cochon par ex).

                                                 photo : Claude.

Détail de la montagne des damnés.



Détail de la Résurrection des morts.


 Un des aspects les plus passionnants de la présentation du guide est le récit de la façon dont on identifia les personnages notamment contemporains à partir d'indices ténus, ce qui permettait de dater d'ailleurs les fresques.


Ainsi le personnage féminin couronné à gauche des anges a été idéntifié comme étant Louis de Savoie, mère de François 1er, à sa couronne de duchesse et son plastron blanc à pattes d'hermine. C'est elle qui fut régente du royaume pendant l'emprisonnement de son fils en Italie.


En bas , à  la gauche du Christ figure le roi Salomon reconnaissable à sa barbe.



Il s'agirait d'une représentation de François 1er.


Au dessus de Louise de Savoie, il s'agit du pape de l'époque, un Della Rovere, que suivent des cardinaux et évêques.


L'abbesse de gauche serait celle de Port Royal des Champs à l'époque, suivie d'une autre future abbesse de ce monastère. La femme au manteau rouge serait la femme du conseiller des finances de François 1er, Madeleine Prudhomme... On a pu identifier aussi dans la fresque le connétable de Bourbon, qui trahit le Roi, et Benvenuto Cellini, qui tua le connétable...Tous ces éléments dateraient la fresque de la fin du XVes ou du début du XVIe.


Un exposé passionnant!


La visite se poursuit aux alentours de l'église et dans le petit cimetière qui la jouxte.


Ici se trouve la fameuse source auprès de laquelle fut bâti le premier sanctuaire.

                                                  photo : Claude.
Le calvaire du XVe siècle a été récemment restauré.

                                        photo : Claude.
A la base de la croix sont sculptés quatre épisodes de la Passion du Christ.


Les sépultures des comtes de Bryas, propriétaires du château de Mauvières voisin, et de leur famille, se trouvent dans ce petit cimetière.


Michel Charon aime à  proposer un arrêt devant cette curieuse tombe sans nom très apparent, décorée d'une longue guirlande de roses - d'un aspect un peu kitsch...


Il raconte comment à partir d'un maigre indice (une inscription sybilline : WARU) et avec un peu de chance, il avait pu identifier la personne qui a sa sépulture ici.


Il s'agit d'une très belle dame de la Belle Epoque,  Louise de Waru, marquise d'Hervey de St Denis. Ici son portrait peint en 1885 par  Raimondo Madrazzo. Cette femme, par son élégance, était une des références féminines du Tout-Paris . Proust s'est inspiré d'elle pour le personnage de la princesse de Nassau dans la Recherche. Ce portrait se trouve au musée d'Orsay.


 Une photographie d'elle par  Nadar .
 (Merci à M. Charon pour ces images).

 Née en 1849, elle est la fille de Thomas de Ward, un ancien palefrenier devenu l'homme de confiance du prince de Bourbon Parme après lui avoir sauvé la vie, et qui finit par devenir 1er ministre de la Cour de Parme. Louise de Ward , après des études en France épouse en 1868 le marquis d'Hervey et le couple vit au château de Bréau près de Rambouillet. Devenue veuve, elle épousera en secondes noces, en 1896, le marquis de Waru.
Louise de Waru se lie avec la famille de Luynes, propriétaire du château de Dampierre tout proche, et notamment avec Yolande de Luynes, qui, comme elle-même, s'adonne à la peinture. Louise prend pour cette activité le pseudonyme de Louise Dubréau. Elle passe le reste de sa vie dans une sorte de tour située dans les environs, ce qui explique la présence à Saint Forget de cette sépulture où elle est enterrée avec son second mari. Elle est morte en 1930.