mardi 8 décembre 2020

LE MUSEE HISTORIQUE DE L'ABBAYE DE VAUHALLAN.

 L'abbaye de Vauhallan contient un musée historique où l'on peut découvrir notamment d'émouvants souvenirs des derniers moments de la famille de Louis XVI à la prison du Temple.  

         
              

                                             * L'ABBAYE SAINT LOUIS DU TEMPLE:

L'abbaye bénédictine Saint-Louis du Temple  a été construite entre 1950 et 1953 à Limon (commune de Vauhallan) par l'architecte André Laudinat, dans un style d'influence romane, pour un communauté de bénédictines fondée  en 1816 par Louise Adélaïde Bourbon-Condé, membre de la famille royale de France. Cette communauté fut d'abord installée au Temple, à Paris, (d'où le nom de l'abbaye) jusqu'en 1848, puis dans un hôtel particulier du 20 de la rue Monsieur avant de s'établir à Meudon en 1930, puis à Limon sur le domaine de 13 hectares du château. C'est le cardinal Roncalli, futur Jean XXIII, qui a posé la première pierre de l'édifice. Une des particularités de la communauté de Vauhallan est que les offices y sont toujours chantés en grégorien.

Il existe à l'abbaye un musée consacré à la fondatrice, qui contient aussi des souvenirs de la famille royale  , et un autre musée dédié à Mère Geneviève Gallois, une moniale qui a réalisé un grand nombre de vitraux très originaux à l'abbaye . L' atelier de reliure de l'abbaye est réputé. Elle dispose d'un magasin où sont vendus des ouvrages religieux et des produits des abbayes bénédictines

L'abbaye bénédictine Saint Louis du Temple de Limon (vue d'ensemble).

Entrée de l'abbaye. A droite, se trouvent toujours les dépendances de l'ancien château.

                                   * VISITE DU MUSEE HISTORIQUE DE L'ABBAYE:

La première chose que l'on remarque en entrant dans la pièce dédiée est la présence de l' imposant tombeau de la fondatrice. Le musée présente aussi , notamment dans diverses vitrines, des objets  lui ayant appartenu, mais aussi des souvenirs de la famille royale. Il en est ainsi de ces objets, provenant de la prison du Temple où la famille royale était enfermée,  que Marie-Thérèse, fille de Marie-Antoinette, avait récupérés, et dont elle  fit don à sa parente Louise Adélaïde. 

Sœur Marie-Christine, pour laquelle la vie de la fondatrice n'a aucun secret,  a guidé efficacement le groupe dans le musée.

Portrait de Louise-Adélaïde de Bourbon-Condé (musée de l'abbaye).

Nous avons ainsi appris que Marie-Adélaïde de Bourbon Condé, fille du prince de Condé et cousine du roi, a accompli un périple de quelques 6000 km avant de fonder , en 1816, le communauté bénédictine de Saint Louis du Temple. Obligée d'émigrer, elle gagne l'Italie, se fait religieuse en Allemagne, puis se réfugie en Autriche, avant de rejoindre une communauté cistercienne en Suisse. Le Directoire ayant envahi la Suisse, elle gagne la Russie, devient bénédictine en Pologne mais les armées de Napoléon ayant "libéré" ce pays , elle doit le quitter pour l'Angleterre où elle restera 10 ans avant son retour en France en 1815. Là le domaine du temple lui est attribué par Louis XVIII pour fonder sa communauté. La tour du Temple, où la famille royale avait été enfermée, avait entre temps 
été démolie par Napoléon. Nous avons aussi appris au passage que le Palais Bourbon, haut lieu de la République aujourd'hui, était à l'origine l'hôtel particulier du prince de Condé! (Eh oui: Bourbon! on aurait pu s'en douter!).


Le tombeau de la fondatrice.

Parmi les objets présentés, notons en particulier la présence du fameux livre de prières qui a été relié à l'abbaye avec des morceaux de la robe de chambre en toile de Jouy de Marie-Antoinette  (1). Ou encore cette émouvante tapisserie inachevée tissée par les membres de la famille royale pendant leur incarcérationOu encore des objets, comme un pot à eau, que le petit Louis XVII utilisait à la prison du Temple. On remarque aussi une maquette (rare) datant du XIXe s de la tour du Temple où les intimes de Louis XVI vécurent leurs derniers jours. A cela s'ajoutent de nombreux documents, par exemple des lettres : citons par exemple la dernière lettre écrite par Marie-Antoinette à madame Elisabeth avant d'être guillotinée. La destinataire ne l'a jamais reçue; elle fut retrouvée dans les affaires d'un révolutionnaire! On découvre aussi des lettres autographes  de Louise Adelaide et de divers membres de la famille, beaucoup de portraits aussi . Tout un mur est occupé notamment  par des portraits et documents consacrés au duc d'Enghien, fils du prince de Condé, donc neveu et filleul de Louise Adélaïde, qui lui était particulièrement cher.
Aux murs d'un couloir attenant, des affichages retracent, documents iconographiques à l'appui, l'histoire de la communauté et évoquent les  lieux successifs où elle s'est établie.
(1) Sur l'histoire du livre de prières relié avec des morceaux de la robe de chambre en toile de Jouy de Marie-Antoinette, voir: http://jmsattoblogazettedesulis.blogspot.com/2016/08/a-labbaye-de-vauhallan-un-livre-relie.html  

PLUS D'IMAGES:


Le Temple, l'ancien palais du prieur, première abbaye de la Communauté.


Dans cette vitrine, des objets ayant appartenu à Louise Adélaïde.
- cliquer sur l'image pour l'agrandir

Une fontaine qu'utilisait la fondatrice.

Ici, le fameux livre de prières qui a été relié à l'abbaye avec des morceaux de la robe de chambre en toile de Jouy de Marie-Antoinette.(1)

Un pot dont se servait le jeune Louis XVII à la prison du Temple.
Une tapisserie inachevée que la famille royale tissait en prison.

Maquette de la tour du Temple, où la famille royale était emprisonnée.
Ici un don de la duchesse d'Angoulême, qui n'est autre que Marie-Thérèse, fille aînée de Louis XVI, seule rescapée de la prison du Temple. Elle était mariée au duc d'Angoulême.

Le mur consacré au duc d'Enghien.



Photographie représentant Mgr Roncalli (futur Jean XXIII) venu poser la première pierre de l'abbaye de Limon -Vauhallan en 1950.


Autre curiosité: le prie dieu utilisé par Jean-Paul II lors de sa visite à la cathédrale d'Evry.


* UN AUTRE MUSEE EST CONSACRE A GENEVIEVE GALLOIS , CREATRICE DES VITRAUX DE L'EGLISE ABBATIALE:

On trouvera un reportage sur ce musée et sur les vitraux très originaux de Geneviève Gallois en cliquant sur:


samedi 5 décembre 2020

LES VITRAUX ORIGINAUX DE GENEVIEVE GALLOIS A L'ABBAYE DE VAUHALLAN ET LE MUSEE QUI LUI EST CONSACRE:

 Au bord du plateau de Saclay, l'abbaye de Vauhallan.


L’abbaye de Vauhallan, plus exactement: abbaye  bénédictine Saint-Louis du Temple de Limon (un hameau de Vauhallan) est récente : elle a été construite dans un style très classique de 1950 à 1952 au bord du plateau de Saclay. C'est le futur pape Jean XXIII qui en posa la première pierre. Les moniales viennent de Meudon , mais la communauté, fondée sous la Restauration par Marie-Adélaïde de Bourbon-Condé et d'abord hébergée dans une partie de la prison du Temple , a ensuite longtemps été installée  rue Monsieur à Paris. Aujourd’hui, une trentaine de moniales s’y consacrent à la vie spirituelle , et à des travaux divers: l'abbaye est connue par exemple pour son art de la reliure. Elle accueille aussi des personnes à la recherche d'une retraite spirituelle, dans l'ancien château de Limon qui sert d'hôtellerie. Une boutique propose aussi au public des articles religieux, artisanaux ou alimentaires.

L'abbaye de Vauhallan se voit de loin sur le plateau. Photo JMS.

Mais l’abbaye recèle de plus un vrai trésor artistique : les vitraux de l’église abbatiale.

Ils sont l’œuvre d’une moniale de Limon : mère Geneviève Gallois (1888-1962).

Il est possible de les découvrir sur rendez-vous, ainsi que le petit musée consacré à mère Geneviève, sous la houlette efficace de sœur Florence Gabriel, à condition d’avoir constitué un groupe d’au moins 8 personnes. 

Le parcours de Mère Geneviève.

Ce samedi 19 mai , Soeur Florence Gabriel accueille une vingtaine de personnes. Ce sont des amis, venus de diverses communes du sud de l'Ile-de-France, qui se sont réunis pour pouvoir bénéficier de la visite. Rapidement, elle entraîne ses visiteurs dans l'église abbatiale: après une courte présentation de l'abbaye, elle retrace le parcours personnel et artistique de Mère Geneviève Gallois , l'auteure des vitraux.

Avec soeur Florence Gabriel dans l'église abbatiale.
                     
Ses dons artistiques permirent à Marcelle Gallois (son vrai prénom) d’entrer aux Beaux Arts de Montpellier, puis de Paris. Peu encline à l’académisme, elle renonce  bientôt à cet enseignement; elle passe alors  son temps  à « croquer » avec malice les passants qu’elle observe dans les rues. Jusqu’au jour où, ayant poussé par hasard la porte de la rue Monsieur, elle « rencontre Dieu ». Sa vocation se précise peu à peu. En 1918, elle entre au monastère des Bénédictines, et abandonne toute activité artistique. C’est le docteur Alexandre, mécène de Modigliani, qui, découvrant par hasard son talent à une vente de charité, obtiendra de la mère abbesse la possibilité pour Geneviève de dessiner : elle saisit alors par le crayon la vie quotidienne au monastère, non sans malice toujours; elle peint, se met à la gravure, sculpte des marrons, brode. Lorsque la communauté déménage à Limon, l'abbesse lui demande de réaliser les vitraux de l'église abbatiale. Elle consacrera les dix dernières années de sa vie à  les concevoir et à  les confectionner entièrement ! Elle s’éteint dix jours après la pose du dernier vitrail.

Un style original, dégagé du naturalisme classique .

Soeur Florence Gabriel  entraîne ensuite le groupe dans les différentes parties de l'église successivement pour commenter les vitraux. Elle en éclaire le sens , explicite les intentions de l’artiste, souligne les touches originales données à telle représentation de la Bible ou du Nouveau Testament. Les sujets sont en effet  « sacrés »; parfois ils content l'histoire de nonnes: la mort d'une vieille Mère et son départ pour le Paradis; les déboires d'une réligieuse qui n'avait pas ouvert sa porte assez vite au Bien-Aimé (le Seigneur). Ils célèbrent aussi la prière.

Vitrail de la Création: le péché d'Adam et Eve.
Une représentation plutôt originale de l'épisode.

Le style est original, libéré des normes de la représentation classique : les formes cernées d'un pinceau épais , sont schématiques, les traits simplifiés  . Un art à la fois moderne parce qu'affranchi des normes classiques, et qui rappelle par certains côtés  l'Art Roman; mais qui tient aussi de la bande dessinée. D'ailleurs les paroles prononcées figurent  souvent dans les  "vignettes".  Cela ne ressemble pourtant à rien de connu.

Le petit musée.

  Soeur Florence Gabriel entraîne enfin le groupe dans le petit musée , où sont recueillies les œuvres réalisées par Mère Geneviève aux différentes époques de sa vie: les oeuvres de jeunesse, qui révèlent tout son talent à "croquer" les passants dans la rue; les représentations de la vie quotidienne au monastère; toutes sortes de dessins , de peintures et d'études qui permettent de mesurer son talent artistique. Elle s'amusait même à sculpter des marrons, transformés en têtes -caricaturales bien sûr- de religieuses...On sourit de certaines réalisations assorties de commentaires un peu hardis: ainsi  l'en-tête d'une série de dessins assimile la vie monacale à une "captivité volontaire" . On peut aussi feuilleter dans le musée le gros ouvrage qui a été consacré à l'ensemble de l'oeuvre de Mère Geneviève Gallois par le fils du Dr Alexandre, son "découvreur".

La visite du petit musée permet de cerner l'évolution d'un talent.

" Une visite vraiment intéressante, je ne savais pas qu'existait un tel trésor si près de chez moi » s'exclame à la sortie de l'abbaye Bénédicte, de Verrières-le-Buisson, une des visiteuses. Chacun visiblement était du même avis.

JMS -La Blogazette des Ulis et du Hurepoix.

. Une version allégée de ce texte est paru dans Le Républicain de l'Essonne du 16/8/12.

.Voir aussi l'excellent article de Régine Delattre sur : http://www.acf-versailles.catholique.fr/la-galerie/la-peinture-en-yvelines/une-religieuse-et-une-artiste-au-talent-reconnu-.html 

. Pour tous renseignements complémentaires , voir le site de l'abbaye: www.abbaye-limon-vauhallan.com .  

                      L'OEUVRE DE MERE GENEVIEVE GALLOIS EN IMAGES:
                                                    
                                                          QUELQUES VITRAUX.
   
              ZOOM sur le vitrail de la nonne qui n'a pas ouvert sa porte assez vite au Seigneur:

                                                   une BD en cinq images avec texte.


                                                    L'arrivée du Bien-Aimé (le Seigneur) est annoncée...

     
                                        A g: il frappe à la porte. La nonne n'ouvre pas: "J'ai ôté ma tunique".
                                                  Adr: elle se décide à ouvrir.

                                  à g: mais le Seigneur n'a pas attendu, il est parti.
                                          à dr: un ange se précipite pour le rattraper."Je cours le chercher".

                                             Un dynamisme étonnant de l'image dans la dernière "vignette".

  
                       Le vitrail de la vieille Mère trouvée morte et son accession au Paradis:


                                                          "Je suis au Paradis" (vitraux du bas).

                                détail de la vieille Mère enfilant sa tunique blanche aidée d'un ange pour aller au Paradis.

 

                                      "Les vitraux où tout est résumé" (Soeur Florence Gabriel):
                                                 la Création (à gauche), l'Incarnation (à droite), la Rédemption (au centre). 

                                                         Quelques vitraux notables:

                                                    Vitrail de l'Incarnation : détail de l'Annonciation.
                                         Surprenant: dès l'annonciation, l'enfant Jésus est présent dans cette représentation.
                                     La main qu'il pose sur sa gorge signifie cependant que sa parole ne s'exprime pas encore.


                             Vitrail de l'Incarnation: une des trois tentations du Christ dans le désert.
                                Cf l'expression de sa détermination. Le diable en est pour ses frais.
Détail d'un vitrail de la Création.
Observer l'attitude du personnage de second plan.
                      
                                          Un exemple de vitrail composant une seule image :

                                                             Vierge Marie entourée d'anges.

                                                        DANS LE PETIT MUSEE :

                                       Oeuvres de jeunesse: un talent de caricaturiste.

La visite du musée nous permet de suivre l'évolution d'un talent.
Ici des oeuvres réalisées du temps au Geneviève (Marcelle) "croquait" avec malice les silhouettes des passants.



Un monde disparu saisi sur le vif.

Détails d'une grande fresque où se perçoit toute la virtuosité de l'artiste.

La vie quotidienne au monastère :

Geneviève Gallois , au monastère, reprend son crayon...
Un regard toujours malicieux.
Les religieuses assimilées à des "captifs volontaires"... 

Un humour assez caustique...


Mère Geneviève s'amusait aussi à sculpter des marrons.
Autant de portraits caricaturaux de ses consoeurs...

On peut aussi compulser le gros livre consacré à l'oeuvre de Mère Geneviève par le fils du Dr Alexandre, son "découvreur".