Alexandre et Mathieu, gardes animateurs, ont accueilli le groupe.
Le marais de Misery est un "site naturel sensible", et protégé, de 88 hectares qui se déploie sur la rive nord de la basse vallée de l'Essonne, entre Vert le Petit et Echarcon. Il est géré depuis 1995 par le département. Il est situé en face du marais de Fontenay, qui se déploie sur la rive sud de l'Essonne. Si deux observatoires sont accessibles, l'un en permanence, l'autre le mercredi et le week-end seulement, on ne peut accéder au cœur du marais qu'en visite guidée, à condition d'avoir constitué un groupe d'une quinzaine de personnes: c'est ce que nous avons réussi à faire pour ce dimanche, et nous avions rendez-vous avec deux gardes animateurs départementaux.
Les voitures garées sur le parking prévu à l'entrée du site, nous avançons sur le chemin qui entre dans le marais: on découvre d'abord une plateforme pédagogique avec vue sur une vaste prairie où paissent quelques bovins. On apprend que ce sont des vaches de race Highland cattle , dont la mission est d'entretenir la prairie en y paissant. Des pies noires sont également utilisées. Ces races s'adaptent bien aux milieux humides et peuvent vivre à l'extérieur toute l'année;
Une plate forme pédagogique donnant sur une prairie.
La prairie.
Cette prairie était avant l'acquisition du site par le département occupée par des plantations de peupliers. Tout a été déboisé et la prairie qui existait antérieurement a pu naturellement réapparaître. Et les vaches l'entretiennent! Grâce au retour de la prairie, plusieurs espèces d'insectes remarquables ont paraît-il recolonisé les lieux…
En avançant encore, on passe au dessus du ru de Misery qui pénètre ici dans le marais et rejoindra l'Essonne.
Le ru de Misery.
Alexandre et Mathieu, les gardes animateurs, entreprennent une présentation du site .
Alexandre et Mathieu, guides animateurs départementaux, sont venus à notre rencontre et entreprennent de nous présenter le site.
Quelques panneaux pédagogiques sont à la disposition des visiteurs; nos guides nous invitent à observer notamment un plan du marais .
On s'aperçoit alors que le site comporte 5 étangs principaux: tous ces plans d'eau et les chenaux qui les relient correspondent paraît-il à d'anciennes fosses à tourbe. On a exploité la tourbe ici depuis le Moyen Age pour produire du combustible! On découvre sur ce plan l'emplacement des différents points de vue ou observatoires. L'observatoire du petit marais (sur la droite) l'est. Celui des Gravelles, donnant accès à l'étang du même nom (à gauche) l'est de façon réglementée: le mercredi et le week-end. Non loin des panneaux, un portail fermé empêche le passage vers un chemin qui s'enfonce dans le coeur du marais en suivant le ru de Misery. Cette partie n'est visitable qu'en groupe, avec un guide, en raison de la dangerosité du marais, mais aussi pour la tranquillité des oiseaux. Aujourd'hui, le portail va s'ouvrir, et le marais va nous révéler ses secrets!
Et c'est d'abord la distribution du matériel: chacun reçoit s'il le désire une paire de jumelles; les gardes pour leur part, vont se munir de très puissantes longues vues qui nous permettront de voir de près les hôtes des étangs.
On règle les jumelles...
Première surprise : ce joli pavillon date de l'époque où le marais était un domaine de chasse pour un châtelain local. Nous découvrirons bientôt que le dit châtelain avait fait planter du buis de chaque côté de l'allée principale du site (buis aujourd'hui détruit par une maladie). Nous apprenons qu'il existe une "maison du garde" de même époque, en fait la maison de l'ancien garde chasse du châtelain (il s'agirait du châtelain de Fontenay le Vicomte ).
Nous parvenons bientôt à un premier observatoire…
Il s'agit de l'observatoire de la "mare aux Sarcelles"... (photo: Janine Esquirol).
Il ouvre surtout sur une prairie, et nous permet d'admirer de plus près les fameuses vaches Highland cattle : fourrure et belles cornes…
Nous quittons l'observatoire et poursuivons notre découverte.
Nous nous enfonçons plus avant au cœur du marais en suivant le chemin principal, ce chemin que le chatelain avait bordé de buis aujourd'hui en piètre état, car victimes de la chenille d'un papillon de nuit blanc aux ailes bordées de gris, la pyrale du buis. D'origine extrême orientale, ce papillon a été introduit accidentellement en Europe en 2000 et fait depuis beaucoup de dégâts.
Le chemin bordé de buis.
Pyrale du buis (doc internet).
Nous croisons parfois une étendue d'eau...
… où se profile la silhouette d'un héron.
Notre cheminement est ponctué de pauses, au cours desquelles nos guides nous expliquent un point concernant la faune ou la flore du marais, et répondent à nos questions.
Nous découvrons ici par exemple le garde manger de la sittelle torchepot: cet oiseau coince des graines dans les rainures de l'écorce (on aperçoit un reste de graine - cliquer sur l'image pour l'agrandir) pour se faire des réserves… (photo: Régine Hurteau).
Sittelle torchepot, oiseau appelé ainsi car il enduit de boue l'entrée de son nid (dans un trou d'arbre) pour en diminuer l'ouverture (photo JMS- prise au parc nord des Ulis).
Nous suivons toujours le chemin principal…
Nouvelle ouverture sur une mare entourée d'une verdure où se joue la lumière.
Nouvelle pause pour admirer un crâne de sanglier.
Chacun veut sa photo !
On pose même avec le crâne de la bête!
On apprend que les sangliers prennent des bains de boue pour se débarrasser des parasites (tiques, puces…) qui élisent domicile dans leur fourrure: le bain de boue terminé, ils vont se frotter aux troncs des arbres pour se débarrasser de la boue, et les dits parasites partent avec la boue. Les bases boueuses et frottées des arbres sont des indices de la présence du sanglier.
Nous parvenons à un nouvel observatoire.
Au loin, poules d'eau et canards… Des colverts bien sûr, mais à la jumelle on pouvait identifier des canards chipeau et un canard souchet.
Grâce à une tablette, nous faisons connaissance avec le canard chipeau. . La femelle ressemble à toutes les femelles de canards.
Le canard souchet, lui, peut être confondu de loin avec le colvert si on est inattentif: il se distingue notamment par son bec fort et très long, son œil jaune, et la tache marron clair sur ses flancs ; le mâle est coloré, la femelle terne.(Photo JMS prise au parc Nord des Ulis).
Nos guides nous expliquent alors la différence entre canards de surface, comme le pilet ou le souchet, et canards plongeurs, comme les fuligules (Photo Louis-Ernest Pancrate). le canard de surface a une ligne de flottaison plus haute. Le canard plongeur a , lui, les pattes plus en arrière du corps .
Nous faisons la connaissance du fuligule morillon, canard plongeur, grâce à un spécimen empaillé. Ce canard a la particularité de courir sur l'eau avant de s'envoler.
Il est ensuite question du "trésor" de ce marais: le BALBUZARD pêcheur. Un couple est arrivé en 2000 sur le site de la forêt d'Orléans. "Sur 60 couples présents en France, 25 sont dans la forêt d'Orléans, et nous en avons 1 ici" explique notre animateur. Les premières naissances ont eu lieu en 2005.C'est un migrateur qui se replie en Afrique. Les couples sont fidèles. Problème: le mâle la saison dernière n'est pas revenu. Le balbuzard peut vivre 30 ans, et 15 ans en milieu naturel.
Nous avons pu apercevoir à la jumelle leur vaste nid (photo: Claude Poirson). Le premier nid s'était effondré. Les gardes ont installé une planche comme support. Ils ont aussi bagué les jeunes.
Un de nos jeunes guides nous montre alors une belle plume de ce fameux balbuzard, preuve indiscutable de sa présence sur le site.
Nous sommes tous fascinés, dirait-on ! (photo:Janine Esquirol).
Nos guides nous parlent aussi du martin pêcheur, hôte au plumage coloré des lieux ( à partir d'un spécimen empaillé). "Il vole à la surface de l'eau et harponne ses proies avec son bec". On apprend que la femelle a le bout du bec rougeâtre, et que cet oiseau creuse des terriers dans les berges. Lors de la parade, le mâle apporte les poissons à la femelle et semble se prosterner, attendant que la femelle les accepte; si elle les accepte, la reproduction a lieu. Les couples sont fidèles plusieurs années. Les mâles restent sur le site, les femelles s'en éloignent (photo de Louis Ernest Pancrate prise au parc Nord des Ulis).
A partir d'un autre spécimen empaillé, nos guides nous en disent plus sur le pic epeiche. Cet oiseau creuse un trou dans un arbre pour y loger son nid. Il "tambourine " sur les troncs d'arbre non seulement pour y creuser son nid, mais aussi pour manger ou pour signaler que là est son territoire. On a calculé qu'il tape 15 000 fois par jour! (photo de Louis-Ernest Pancrate prise au parc Nord des Ulis).
Alors que le pic epeiche est plutôt dans les bois, le pic vert, lui, est souvent dans les prairies (photo de JMS prise au parc Nord des Ulis).
La visite continue, et cette fois nous nous enfonçons encore plus au cœur du marais, par un chemin très étroit qui passe entre des fondrières ou des trous d'eau: on nous recommande bien de ne pas nous égarer sur les côtés.
Nous voilà en pleine nature sauvage à 50 km de Paris!
Une vague impression de traverser une jungle…
A gauche du chemin, l'eau se cache sous la végétation.
Un de nos guides fait l'expérience de monter sur un tronc: il fait bouger une vaste épaisseur de végétaux entremêlés qui cache en réalité l'eau ou la tourbe.
Nous continuons à avancer.
Une grande partie du marais est tapissée de ces fougères, d'une variété spéciale: la fougère des marais. Elle est propre à la vallée de l'Essonne et protégée.
Au passage, nous voyons plusieurs fois de beaux champignons.
Cette plante aux grandes feuilles qui fabrique ces gratons ( piquants accrocheurs) qu'on s'amuse bêtement à se jeter a été identifiée: la bardane!
Beau moment dans la lumière de cette belle journée.
Nous avançons... l'impression de forêt vierge ne se dissipe pas !
Nous arrivons à la "maison du garde".
Nous apprenons que c'est l'ancienne maison du garde chasse du châtelain d'autrefois (photo: Louis Ernest Pancrate).
Il est alors question des chauves souris, qui trouvent abri dans cette maison. Petite bête très utile pour nous débarrasser des moustiques...Elles consomment une tonne d'insectes en été! Malheureusement elles sont en voie de disparition , il y a beaucoup de mortalité. Elles s'abritent dans les maisons si elles peuvent ou dans les vieux arbres.
Nos amis semblent vraiment passionnés par ce qu'ils apprennent.
On enchaîne avec un peu de botanique. Quelle est donc cette fleur?
Il s'agit de l'épatoire chanvrine ou chanvre d'eau, ainsi nommée car ses feuilles ressemblent à celles du cannabis ( mais ce n'en est pas!). Elle se plaît en milieu humide et est très appréciée des insectes. Elle a des vertus médicinales : apéritive, diurétique, vermifuge. on dit aussi que les cervidés blessés viennent y frotter leurs plaies.
Nous avons avancé et nous voici arrivés à un 3e observatoire.
Nous n'apercevons pas grand chose sur l'étang, sinon un cygne… Justement nous sommes sur l'observatoire de l'étang aux cygnes…
Mais notre attention est attirée sur ces concrétions confectionnées par une guêpe solitaire…
Un autre sujet va bien nous intéresser à présent...
… Nous découvrons une "plaque à serpents" installée là par les gardes. Le serpent peut se glisser dessous et y trouver un micro climat favorable.
Le chapitre des serpents est alors ouvert: notre guide nous montre des œufs de serpent. Les battements de cœur des différents embryons s'harmonisent paraît-il, et ils sortent en même temps. Une couleuvre pond 20 œufs (photo: Jaja).
Puis nous découvrons des mues de serpents: vipère à gauche, couleuvre à collier à droite. La mue peut faire 1,30m de long. On apprend que les vipères ont de petites écailles barrées d'un trait, tandis que les couleuvres ont de plus grosses écailles ; les serpents ont une bonne ouïe, mais une mauvaise vue (photo: Janine Esquirol).
Nos guides sortent alors de leur musette un crâne de ragondin. Occasion aussi de parler du castor, qui revient dans nos contrées à partir du val de Loire. Le ragondin creuse un terrier, le castor construit une hutte … et des barrages.
En cheminant, nouvelle surprise , le guide attrape une petite grenouille, qui a son moment de gloire sous les objectifs…
Il s'agit d'une "grenouille agile": elle a des grandes pattes et peut sauter jusqu'à 1 m de haut (photo: Louis Ernest Pancrate).
Quelques pas plus loin, c'est une grenouille verte qui nous tombe entre les mains. Il existe 3 espèces de grenouilles vertes en Essonne paraît-il (photo: Jacqueline Mazeau).
Nous arrivons à notre dernière étape: un dernier observatoire en forme de tour: c'est la tour de la petite prairie (photo: Louis Ernest Pancrate).
Sous le toit, des nid d'hirondelle artificiels ont été placés pour aider les oiseaux; ils ne sont pas fréquentés pour l'instant.
Du haut de la tour, le point de vue est large sur le marais.
Au loin passe un groupe d'oies bernaches.
Dans l'observatoire, ce sont les derniers échanges: on parle aussi des oies bernaches du parc Nord des Ulis, et de leurs migrations estivales…(photo: Louis Ernest Pancrate).
La visite est finie, nous gagnons la sortie, fatigués mais plutôt ravis. Mais avant de quitter le site, une belle photo de groupe s'imposait au cœur du marais!
Avec les gardes animateurs départementaux Alexandre et Mathieu.
Le groupe "Les visiteurs du Hurepoix", qui visite la région depuis 9 ans, est composé d'amis venus de différentes communes du sud de l'Ile de France: ce jour-là les membres présents venaient de Chilly-Mazarin, L'Hay les Roses, Meudon, Verrières le Buisson, Fresnes, Gometz la Ville, Les Ulis…
L'observation des oiseaux en milieu ouvert est aléatoire: nous n'aurons pas eu la chance d'en voir beaucoup, ni de rares. Mais la visite vaut par les nombreuses informations données sur la faune et la flore du marais au fil de la balade. Et puis nous avons eu le privilège de parcourir le cœur du marais, une expérience rare .
La visite a donc été pour ces raisons passionnante ; et c'est vraiment une expérience à vivre, au coeur d'une nature sauvage à 50 km de Paris ! Le groupe était enthousiaste!
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