samedi 30 janvier 2021

LA CHAPELLE ORTHODOXE ROUMAINE EN BOIS DE LIMOURS.

 Le siège de l’église orthodoxe roumaine d’Europe occidentale.


A Limours en Hurepoix, à deux pas du centre ville, s’élève dans un parc une grande et belle maison bourgeoise du début du XXe siècle : c’est le maire de l’époque, boucher de son état , qui l’a fait construire. En 1960, l’état roumain l’achète : elle accueillera des diplomates roumains de passage à Paris ; propriété de l’ambassade de Roumanie, elle servira de maison de retraite, avant de devenir l’archevêché de l’église orthodoxe roumaine d’Europe occidentale : l’archevêque ou métropolite y réside donc…


A deux pas du centre ville, une belle maison bourgeoise du début du XXe siècle...

Une église pour l’archevêque…

Qui n’a pas remarqué , depuis la place Aristide Briand toute proche par exemple, un édifice à la fois insolite et gracieux, situé dans la même propriété .« Je me suis souvent demandé ce que c’était », me dit une amie. Eh bien il s’agit d’une église , ou plutôt d’une chapelle, orthodoxe, une réplique de ces édifices religieux roumains du XIVe siècle, entièrement en bois de tilleul, de la région de Maramuresch (nord de la  Roumanie). Il fallait à l’archevêque une église , il l' a choisie dans le style de sa région d'origine. En 2000, 100 m3 de bois ont été achetés par l’Etat roumain  ; la chapelle est montée dans un premier temps en Roumanie, selon des techniques ancestrales. Le clocher fait 25 m de haut, pas un clou n’est utilisé, les éléments sont encastrés : c’est comme un grand lego, quoi ! Ensuite, l’église est démontée, ses éléments sont transportés à Limours, et elle est remontée à l’identique dans la propriété, en six mois.
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Un édifice unique, entièrement en bois ,construit selon des techniques ancestrales...

Entrons dans la chapelle…

Il faut d’abord passer, dans le parc, par une sorte d’arche gravée de symboles religieux : par exemple des rosaces, représentant le soleil ou les astres, ou encore la roue de la vie ; des cordages, symbolisant l’Infini, ou encore l’arbre de vie s’ils sont ramifiés ; on distingue encore un poisson, symbole des premiers chrétiens ; la vigne et le blé, représentant le pain et le vin, et donc l’eucharistie… Cette arche , lorsqu’on la franchit, nous fait passer du profane au sacré, elle arrête symboliquement le Mal.


L'arche, porte du sacré....

Quand on entre dans la chapelle, c’est l’éblouissement : du sol au plafond, elle est couverte de peintures, reprenant l’iconographie traditionnelle héritée du byzantinisme : au dessus de nos têtes, l’image du Christ Pantocrator (tout puissant) entouré de Saint-Jean Baptiste et des quatre évangélistes ; plus bas la Trinité est représentée par trois anges ; les scènes de la vie du Christ se déroulent sur les parois, comme une bande dessinée ; sur les côtés on distingue des figures de saints, français, roumains ou d’autres origines. On retrouve la séparation traditionnelle, concrétisée par l’iconostase, entre le lieu où se tiennent les fidèles, et le sanctuaire accessible au seul prêtre. Au fond du sanctuaire, une figure géante de la Vierge attire le regard ; on remarque aussi plus avant les 12 apôtres, occupés à la réception du Saint-Esprit (Pentecôte). Ces icones ont été d’abord réalisées  en 3 ans, par un artiste roumain spécialiste de la peinture des icones à la main.
 
du sol au plafond, l'iconographie orthodoxe traditionnelle...

On ne trouve pas de quoi s'asseoir ici, sauf dans une tribune située en hauteur, au fond de la chapelle. Les fidèles, qui peuvent être jusqu'à une centaine, prient debout.

En dehors des offices, qui ont lieu matin et soir (réservés en principe aux 9 moniales qui demeurent elles aussi dans le bâtiment de l'archevêché) ,il est possible de visiter la chapelle. Il faut demander la clé au siège de l’archevêché..
On peut assister à la messe le dimanche matin à 10h30.

Il s'agit de la seule chapelle roumaine orthodoxe présente hors de Roumanie avec celles de Genève et de New-York!

JMS

PS : l’Office du Tourisme du pays de Limours a organisé il y a quelques années une visite de la chapelle qui a permis à plus de 80 personnes du canton de découvrir ce petit bijou. Nos remerciements à Mme Jacquet, présidente de l’Office du tourisme, qui a dressé l’historique des lieux, et au père Yves Dulac , prêtre orthodoxe français, qui a décrypté avec compétence et cordialité la symbolique des icônes. Nous leur devons une bonne part de notre information.

Lors de la visite organisée par l'Office de Tourisme du Pays de Limours...

L’Office du tourisme du pays de Limours organise une animation de ce type par mois. Pour tous renseignements voir son site : www.pays-de-limours.org


PLUS D ' IMAGES : quelques fresques de la chapelle.
(cliquer sur les images pour les agrandir)

samedi 23 janvier 2021

LE SAVIEZ-VOUS? LE HUREPOIX FUT UNE REGION DE VIGNOBLE.

 Saviez-vous que le Hurepoix, et en particulier l'Essonne, a été un pays de vignoble pendant plus de mille ans? Six adhérents chercheurs de l'Université du Temps Libre -Essonne ont mené pendant six ans une recherche sur le sujet, qui a abouti en 207 à la publication de cet ouvrage fort documenté.

On y découvre par exemple que sur 196 villes du département, 193 ont un passé viticole, que tout agriculteur était en même temps viticulteur. 6000 hectares étaient consacrés à la vigne sur le territoire qui correspond à l'actuelle Essonne.
On apprend encore qu'on  produisait du vin blanc, car il n'y avait pas assez de soleil pour le vin rouge. Le déclin de la vigne dans la région est intervenu quand les riches parisiens ont justement eu envie de boire du vin rouge!
La dernière vendange a eu lieu, nous disent les chercheurs, à Villabé en 1974...


On peut commander l'ouvrage sur le site web de l'UTL-Essonne:www.utl-essonne.org ou au siège de lUTL:
2 rue du Facteur Cheval à Evry.Tél:0169477825.

                           * ON FETE ENCORE LA VIGNE ET LE VIN EN ESSONNE:

Dans plusieurs communes de l'ESSONNE, on a récemment replanté de la vigne
 et on perpétue une tradition datant du Moyen-Age : célébrer la Saint-Vincent, patron de la vigne et du vin. Ainsi à Yerres récemment, la grappe Yerroise, une confrérie du vin, a paradé dans les rues, en portant une statue de Saint-Vincent jusqu'à l'église où une messe a été célébrée par l'évêque d'Evry! Dans cette commune, en 2011, on a replanté 500 pieds de Chardonnay et 70 de Pinot noir sur un terrain de 900 m2 prêté par la municipalité.300 litres de vin ont été récoltés en 2016. Dans cette commune, le jour de la célébration, une dizaine d'autres confréries venues de diverses communes d'Ile de France se sont réunies pour élire le meilleur vin de la région. Le lauréat a été un vin blanc de Sucy en Brie.
Saint Vincent, patron des vignerons.
Vitrail de l'église de Vauhallan (Essonne), offert par la confrérie des vignerons en 1859.
                                                                                    

jeudi 21 janvier 2021

Patrimoine en péril en Hurepoix: le domaine du château d'ANGERVILLIERS, un site pathétique, marqué autrefois par des drames !

 La plus illustre propriétaire de ce domaine fut , à partir de 1555 , rien moins qu’Anne de Pisseleu duchesse d’Etampes , la maîtresse de françois 1er !

Aujourd'hui, un site pathétique.

8 décembre 2012, 10h du matin : un petit groupe de curieux , sous la houlette d’Alban Damars, enfant du pays et conseiller municipal, quinquagénaire passionné par le patrimoine local, s’engageait dans les allées couvertes d’un épais tapis de feuilles mortes du domaine du ou des château(x) d’Angervilliers exceptionnellement ouvert au public. La municipalité avait eu l’idée d’organiser une « Randonnée pour le téléthon » dans l’immense parc de 50 hectares. Une occasion à ne pas manquer pour découvrir enfin ce mystérieux domaine tenu comme à l’écart du monde !

La visite fut intéressante : on découvrit par exemple le système d’adduction d’eau , assez complexe, du site ; mais elle fut bien triste aussi, car au fil de la promenade, nous ne découvrîmes qu’une succession de ruines pathétiques : celle d’une ancienne pergola, deux ou trois colonnes tronquées perdues au milieu d’un groupe d’arbustes –car la nature a repris ses droits depuis longtemps dans le domaine ; d’autres colonnes encore, celles d’un ancien temple gréco-romain situé à l’extrémité d’un « grand canal » cerné désormais par les bois ; ruines de l’ancienne maison du gardien, plus loin ; au delà encore , s’offre aux yeux du promeneur la grande  carcasse blessée du « manoir » , construit au début du XXe siècle , et déjà en bien triste état : c’est le fruit de l’œuvre du temps, mais aussi des pillages ! Navrante cerise sur ce poignant gâteau : le "château rose", plus ancien –il date de 1815- enfoui dans la végétation, et comme ses communs, dans un état de délabrement tel qu’on évite d’en approcher !

8 décembre 2012 :devant le "manoir", grande carcasse blessée...
                                                                                                           
 Seuls encore à peu près debout sur le site : la ferme-poulailler, où le dernier propriétaire se réfugiait encore lorsqu’il venait en week-end, et la ferme du Marchais , qui exploitait autrefois, avec la ferme de la Tuilerie (cachée par les arbres) les 120 hectares appartenant aux châtelains.

La raison ? Depuis le décès , durant la dernière guerre, des propriétaires d’alors, M.et Mme Weisweiller, le domaine est resté quasiment à l’abandon.

Jusqu’aux abords du XIX e siècle : les grandes heures du domaine .

Un premier château a dû être construit au XIVe siècle : il était la résidence d’Elisabeh d’Angervilliers, dame de Fleury-en-Beauce. Sa plus illustre propriétaire fut , à partir de 1555 , rien moins qu’Anne de Pisseleu duchesse d’Etampes , la maîtresse de françois 1er !
Après 1600 , divers propriétaires se succédèrent , dont Charles-Prosper Bouin, ministre de la guerre de Louis XV.
Entre temps , au XVII e siècle, un second château avait été construit , dont il reste encore quelques communs.
On a quelque mal à imaginer , en voyant l’ état aujourd’hui de la propriété, le grand parc à la française dû à LE NOTRE qui l’entourait, et ses superbes pièces d’eau , alimentées par des aqueducs souterrains (qui subsistent d’ailleurs).

Quand la Nature reprend ses droits:
une vue du grand canal en 2012...

Juste avant la révolution, le propriétaire s’appelait Jean-Louis JULIEN. Il émigra en 1792, et ses biens faillirent être vendus comme Biens Nationaux ; et là , premier épisode tragique qui marqua le site : Jean-Louis JULIEN revint précipitamment dans sa propriété et se suicida sur la pièce d’eau.
Finalement, ses filles en héritèrent, dont Madame de Catelan , une amie de Madame Récamier ; avant 1808, il semble qu’elle ait reçu à Angervilliers sa célèbre amie, ainsi que les proches de celle-ci : Benjamin ConstantMadame de Stael , ou encore Chateaubriand.

Transformations et nouveaux drames.

En 1815 , donc , le « château rose » se substitue dans la propriété à l’édifice du XVIIe rasé ; puis au XXe siècle s’y ajoute le « Manoir », de style anglo-normand ,construit à l’emplacement du château  ancien disparu. Voilà donc le domaine avec deux châteaux , qui vont péricliter de concert après la dernière guerre.

Un fait divers tragique se produit dans la propriété entre temps, en janvier 1873 : les époux TUPIN furent assassinés dans la ferme-poulailler qu’ils habitaient. Victimes d’un crime crapuleux , ils sont décédés se tenant la main.

Dernier drame , et aux conséquences durables, dans les années 40 : M.Weisweller, le propriétaire d’origine israelite , se suicide à l’arrivée des allemands ; son épouse , elle , mourut dans les camps. Quand le baron de Gainsbourg rachète le domaine, il est déjà en piteux état ; son dernier propriétaire, M.Leven , des Eaux Perrier, le laisse à l’abandon. Il loge, comme nous l’avons dit, dans la ferme-poulailler quand il vient en week-end.

Retour progressif à la vie ?

Dès 1983 , la municipalité d’Angervilliers rachète et rénove une partie des communs , l’ancienne orangerie ou pressoir en forme de H, datant de 1682 notamment ,qui devient salle polyvalente et mairie. Se constitue alors, avec le superbe colombier du XIXe , devenu bibliothèque municipale , le puits de 1877 , et leur entourage, les communs de l’ancien château , à quoi s’ajoute l’église voisine, un bel ensemble architectural qui valorise le centre du village.


        La mairie, en 1983, s'était déjà installée dans l'ancien bâtiment de l'orangerie rénové (XVIIes).

 Et puis voici qu'à partir de 2012, les choses semblent devoir bouger de façon plus décisive : une SCI s’est constituée, la Société d’Aménagement du Domaine d’Angervilliers. Certes, un programme immobilier est prévu , mais il ne sera développé qu’en marge du parc , le long de la D 838 (route de Dourdan) : « Cela ne prendra qu’1/4 de la superficie du parc » explique Alban Damars . « De plus , la société s’est engagée à construire sur une des deux parcelles des maisons de plein pied pour des seniors valides. ». Pour l’essentiel, le parc sera préservé. De plus la société s’est engagée à restaurer les communs du « château rose », en face de la mairie. Le manoir doit être réhabilité, ou réaménagé ; en revanche le « château rose », en trop mauvais état, sera rasé.

Une nouvelle ère semblait s'annoncer donc pour le domaine d’Angervilliers.

La vie allait-elle enfin reprendre ses droits?

JMS

Article rédigé pour la Blogazette des Ulis et du Hurepoix.

                                                    HIER ET AUJOURD'HUI :  

                                                    LE MANOIR  (début 20e):

 
décembre 2012. Il pourra peut-être être réaménagé.

carte postale ancienne.


Le CHATEAU ROSE (1815) :
Aujourd'hui: très délabré et enfoui dans la végétation.

du temps de sa splendeur...

          A venir: toutes les images du domaine sur le site : www.jmsattohurepoix.blogspot.com